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« Se recevoir »
Un mouvement d’être, une co-naissance
Nous étions restés inquiets lors des derniers colloques et nous nous questionnions tout particulièrement concernant l'avenir de notre recherche ainsi que sur la pertinence de tels colloques.
Le tout dernier nous a permis de sentir l’implication vivante et enracinée des participants dans cette recherche. Ils ont aussi manifesté le désir de poursuivre les colloques, tout en confirmant leur appréciation d’une structure assouplie.
L’existence de plusieurs petits regroupements de personnes en démarche révèle aussi cet intérêt tangible et vivant pour la recherche ontologique. Toutefois, le fait qu’ils soient plus ou moins reliés entre eux suscite une préoccupation face au devenir de notre recherche.
Nous avons pensé qu’il serait enrichissant, voire essentiel, de revenir à nos fondements, de prendre le temps de nous y attarder et d’en discuter ensemble. Parmi les nombreux sujets d’intérêt, nous avons privilégié comme thème du prochain colloque la position fondamentale de notre recherche : le « se recevoir ».
C’est dans la mouvance d’une recherche expérientielle sur la place du corps dans le cheminement humain qu’est née la psychothérapie d’abandon corporel. Et c’est à l’intérieur de cette recherche ontologique qu’Aimé Hamann a ressenti la force de la position de « se recevoir », dont nous sommes les héritiers. Au fil du temps plusieurs chercheurs ont réfléchi et écrit sur cette expérience inattendue. C’était pour Aimé une position rigoureuse mais vivante, loin d’être statique.
C’est la fidélité à « la position » qui est garante d’un mouvement continu. Elle permet de nommer toujours mieux et davantage ce qui est spécifique en chacun et ce qui caractérise collectivement cette recherche. Ainsi, c’est dans le terreau fertile de la psychothérapie que nous avons pu expérimenter et ressentir la qualité particulière du lien thérapeutique basé sur le « se recevoir ».
Nous désirons tenir compte de cet équilibre fragile entre aller de l’avant, garder notre recherche vivante, non sclérosée, tout en maintenant la rigueur de la position. C’est dans cet esprit que nous lançons une invitation au questionnement, au partage de notre compréhension, de cette expérience singulière qu’est la position de « se recevoir ».
Même si l’incontournable de la subjectivité a été maintes fois souligné, nous pourrions facilement croire que nous avons tous plus ou moins la même compréhension d’une telle notion. Le désir ou le besoin de cohésion, de vérités sécurisantes, est incontournable dans tout processus de recherche. C’est souvent un point d’appui momentané, un répit dans l’ébranlement ressenti face à l’inconnu, des temps de pause inévitables, à recevoir.
Nous aimerions insister à l'effet que tous les questionnements qui pourraient surgir sont importants, car souvent, c'est dans la différenciation que peuvent s'approfondir et s'enrichir les compréhensions. Et comme nous le rappelait Aimé : « se recevoir demeure une expérience très subjective tout en faisant place à toutes les subjectivités ».
Il pourrait être intéressant de tourner d’abord notre regard sur le point de départ de notre engagement. Qu’est ce qui nous a touchés au point que l’élan premier se soit transformé en engagement de démarche à long terme? Et cela, malgré toutes les exigences impliquées et souvent éprouvantes. Peut-être même, constater comment ce qui nous a donné vie, nous accompagne dans notre rapport aux autres et à la clientèle, comme un souffle porteur marqué par sa propre subjectivité.
Chacun et chacune peut être interpellé par certaines questions ou par certains angles particuliers de la position de « se recevoir ».
C'est une invitation à laisser émerger en nous, à échanger entre nous, sur cette expérience toute subjective qu'est la position de se recevoir. Et qui sait, peut-être éveiller un mouvement d'écrire?
Comité organisateur du 12ème colloque de recherche en abandon corporel du 21 au 24 août 2024
Jacqueline Comeault
Micheline Dalpé
France Lussier, coordonnatrice